Reçu ce matin 22 avril 2012 un mot de mon ami Philippe Zunino, nos conversations continuées, pour moi une façon de nouer les travaux en cours, le Journal de la crise et Des beautés imparfaites, souvent je suis dans l’un et l’autre la même journée, pour lui aussi ces deux réflexions s’entremêlent sans cesse, celle sur notre art et celle sur le temps changeant.
M. est partie très tôt garder sa petite fille, ça m’a réveillé, c’est alors que me vient à l’esprit cette phrase /....... le dévoilement du réel occulte la réalité /
EXPLICATIONS.
Hier soir nous sommes allés voir le film : Qu’ils reposent en révolte ... encensé par la merdouille de journal Les Inrocks naturellement !
Un film sur les migrants qui cherchent à passer en Angleterre depuis Calais, c’était un beau projet en soi, comment montrer autrement que la télé, comment éviter à l’image le contrôle latent du pouvoir ?... Oui, comment ? Pour moi ce film extrêmement long et besogneux est la parfaite synthèse du rapport au réel qu’entretiennent les créateurs actuels !
En fait le recours au réel sert à occulter la réalité ! Tout comme tu as su montrer comment le travail en se professionnalisant devenait un acte criminel (séparation de l’acte et du savoir faire et / ou comme dans les malheurs de la guerre de JC avec LLDM).
Ce film est en permanence dans l’expression d’un réel esthétisant, une sorte de design de la perception autiste, images noir et blanc, gros plans très serrés, pas de dialogues, pas de points de vues, il n’y a guère que le son qui dise quelque chose de convaincant ... par une absence totale de montage. On ne voit pas les visages, on voit des icônes de visages, on oublie tous les visages pour ne plus se rappeler que de l’image en permanence optimisée !
Le tout extrêmement ennuyeux, répétitif et long mais looooooooooong, au secours !
A suivi un débat affligeant où notre cher et jeune réalisateur nous a rappelé quatre fois que son film était diffusé dans le monde entier, qu’il revenait des USA où le film était un triomphe - si, si, si ...où il a été essentiellement question de techniques de filmage, de montage... bref, de lui, par lui et sous lui !
En conclusion ce film m’a permis de comprendre en quoi la création contemporaine, en esthétisant le monde par l’usage de la notion de réel est devenue elle aussi - tout comme la sublimation de la notion de profession - une arme de destruction de la réalité.
Ce Sylvain Rousseau (cinéaste) montre comment l’usage du réel et de sa profession (de créateur) est encore plus à même que le pouvoir qu’il prétend contester capable de détourner la réalité de son sens premier... qui repose en permanence la question suivante : où est la relation entre les hommes, les animaux, les plantes, le monde minéral, bref, le monde en soi ?
PZ
Une autre réflexion partagée avec Philippe Zunino : D’une analogie entre placebo et œuvre d’art.