Axios, un site d’information (« Nous croyons que la vérité et les faits existent et doivent être mis en valeur, répétés et défendus... ») trouve et publie : les entreprises envisagent sérieusement de prolonger le télétravail après le confinement.
Tous ces travailleurs chez eux.
Je me souviens bien, au début des années 2000 la découverte comptable de ces compagnies qui rognaient sur leurs frais généraux, mètres carrés et tout en proportion, chauffage, loyers, heures de ménage, etc. et les travailleurs, les prolétaires qui s’ignorent, leurs cravates et leurs tailleurs les trompent, qui entrent dans la grande salle, s’asseyent n’importe où, branchent leur machine et aussitôt ils ont bases de données et logiciels, travail en cours, connexion au chef, aux obligations, à l’agenda général avec ses réunions, meetings, on devrait dire réunions disciplinaires, de disciplination, etc. Ils ont tout mais pas de chez-soi au travail avec photo de famille fixée à la cloison, pas de lieu à soi où recevoir les collègues et réfléchir ensemble, pas de lieu stable donc pas d’espace mental propre. Volés, volées ! Mais personne ne criait Au voleur ! dans les couloirs.
Cette extension du télé-tout changera l’ordinaire, le commun.
Encore moins de collectif dans les bureaux. Les conflits surveillés et arbitrés plus que jamais d’en haut. L’intelligence artificielle enregistrant et accumulant, à la fin sachant, avant que vous ayez eu le temps de savoir. Volés, volées ! Quant aux décisions, imaginez un peu.
Moins de transports en commun, l’oubli du commun plus aisé, ou le commun plus abstrait, éloigné. Des voies plus paisibles, des gorges et des yeux moins irrités, plus d’oiseaux chantant peut-être.
Ces changements imaginés dès le milieu des années 1990. On voyait le mieux pour l’air, on se proposait de calculer les épargnes en carburant, en fossiles tenus sous terre. Restait à voir ce qu’en feraient les propriétaires. Leur bêtise et surdité d’alors, à ces gens, à ces vues du futur, ne prouvaient pas que les idées étaient bonnes, seulement qu’il n’était pas encore temps. Pas clair, encore, comment insérer cela dans le système de domination à toujours renforcer ni, les nouvelles chaînes par lesquelles tenir les employés, pas encore assez fiables ni bon marché.
Alors ? On continue, avec les calculs ? à croire et faire croire, sur un ton généreux et anxieux, qu’il suffirait de prendre les bonnes décisions ? Sans se demander qui décide et pour quoi ?