Le narrateur, celui qui dit « nous » et « je » dans le roman, celui dont on entend sans cesse la voix tout au long de ces mille pages, est sans nom.
Aux premières pages, le 22 septembre 1937, il a vingt ans. Il s’apprête à partir pour l’Espagne, combattre avec les républicains.
Il quitte l’école à la prise du pouvoir par les nazis, et entre comme aide-magasinier à AlfaLaval où son père « était contremaître au montage des séparateurs » (p.27). Il suit des cours du soir pour passer son baccalauréat. Devenu aide-monteur, il est licencié au printemps 1937.
À la lecture, à l’écoute, on est obligé de penser que le narrateur est Peter Weiss lui-même, mais les biographies ne coïncident pas. Son porte-parole, son point de vue construit au cours d’une longue vie d’études, de combats et de créations, mais une fiction. Une hypothèse : lui, Peter Weiss, qu’eût-il dit et pensé à vingt ans, en 1937, avec ses pensées et ses recherches des années 1970-1980, et s’il avait été fils d’ouvrier au lieu d’être fils d’un industriel du textile ?
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